Interview de Lisa Di Jorio aka Little Tricky

Dernière modification le 07 janvier 2018 à 02h36

Interview de Lisa Di Jorio aka Little Tricky

100% Quad vous présente aujourd’hui l’interview de Little Tricky, joueuse de l’équipe de derby des Death Pouffes de Montpellier.

Peux tu te présenter ? D’où viens-tu ? Que fais-tu dans la vie ? Où habites-tu ?

Je m’appelle Lisa Di Jorio, je suis née en Normandie mais j’ai beaucoup déménagé. J’ai connu de nombreuses villes (je vous passe les détails ennuyeux) et depuis 7 ans maintenant je vis à Montpellier, avec depuis deux ans des petites coupures vers Los Angeles. Je suis informaticienne, je travaille en R&D dans une boite privée sur des problématiques de fouille de données appliquées a la finance.

Comment as-tu découvert le roller ?

Au grand dam de mes parents, j’ai toujours été casse-cou… Et principalement attirée par les sports de glisse et de vitesse. C’est donc tout naturellement que j’ai commence à regarder ce qu’il se passait en roller. Ado, je voulais essayer la rampe, mais « trop dangereux » et à l’époque l’équipement était hors de portée de la bourse de mes parents. Je me contentais donc de posters trouvés sur magazine…

As-tu déjà roulé en inline ?

Oui, j’avais une paire de balade bon marche lorsque j’avais 8 ans. J’avais retiré les deux roues du milieu pour essayer le slide, mais je n’ai jamais compris la technique. Il s’avère qu’en grandissant, j’ai appris qu’il fallait « waxer » les modules (on ne rigole pas). J’ai acheté une paire de Razor Genesys l’année dernière afin de satisfaire enfin cette frustration de rampe. Mais maintenant j’ai plus d’appréhension, et plus de difficultés à me « jeter ». J’apprends doucement, mais sûrement, et j’ai trouvé au skate park une petite bande bande bien sympa qui n’hésite pas à me donner de bons conseils.

Est-ce que tu pratiques d’autres disciplines en quad ?

Non, aucune. Mais si j’avais du temps, je pense que je regarderai du côté de la danse en roller.

Mais comment as-tu découvert le Derby ?

En juillet 2011, lors d’un déplacement à Los Angeles, une amie m’emmène voir un match amical des Angel City Derby Girls. Je ne connaissais pas du tout, et j’ai été bien surprise en découvrant tout cela! Ça a été le coup de foudre immédiat, et je me souviens m’être dit que je ne trouverai jamais une équipe en France, et encore moins a Montpellier. Loupé, j’ai découvert les Death Pouffes à mon retour en septembre 2011.

Comment décrirais-tu cette discipline ?

Comme un sport très complet, et je pense que c’est ce qui le rend si addictif. En ne prenant que le côté joueuse, tu as trois aspects différents et primordiaux, sans lesquels tu ne peux pas jouer efficacement :

– Le roller en lui même. Tu dois être à l’aise avec pas mal de techniques, comme le freinage, la réactivité, la rapidité, la stabilité… En réalité, tu ne dois pas être gênée par ton niveau de patin en match. Le must étant bien sur de ne même plus te rendre compte que tu es sur roues

– La stratégie. Il est impossible de jouer correctement sans connaître les règles du derby, ni comment les utiliser à bon escient. Au delà, il faut savoir réfléchir vite et prendre rapidement des décisions

– La muscu et la cardio. Le roller derby est un sport de contact avant d’être un sport de glisse. Il est primordial d’être préparée à recevoir des coups, et à encaisser les chutes. D’autre part, l’aspect endurance entre en compte, et encore plus lorsque tu es jammeuse, puisqu’il faut patiner plus rapidement, et te battre pour passer le pack.

Au delà, il y a tout ce qui entoure le roller derby : un club a besoin de main d’œuvre pour vivre, et plus il grandi, plus il y a de boulot. Entre la com, l’organisation, le site web… (et j’en oublie beaucoup) il y a vraiment de quoi faire ! Enfin, il ne faut pas oublier le corps arbitral, sans qui le sport ne serait pas praticable, et qui nécessite également des compétences particulière et donc un entraînement adapté.

 

Comment t’entraînes-tu ?

Je m’entraîne avec les Death Pouffes de Montpellier, coachées par David (aka AssHellOff). Un entraînement physique une fois par semaine, et deux entraînements onskate. C’est là que j’améliore principalement la stratégie et la communication. Pour ce qui est technique, je me déplace un maximum en ville en roller, la ville est très formatrice ! Et je vais reprendre bientôt le skate park, maintenant que j’ai un peu plus de temps. Même si je patine principalement en inline la bas, j’avoue céder régulièrement aux quads dans la rampe, même si je ne fais pas de sauts ou de trucs impressionnants, le plaisir reste différent, et j’avoue inégalé en inline.

Tu es bench coach pour l’équipe homme de Montpellier, comment vois-tu la différence entre le derby homme et femme ?

Hummm c’est une question piège ? Tout d’abord, je tiens à préciser que ma réponse se base sur mon expérience a Montpellier, qui est très courte puisque j’ai rejoins les Kamiquadz en septembre 2012. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer d’autres équipes masculines, uniquement des joueurs individuellement lors de diverses rencontres.

Je vois deux axes de réponse à cette question. D’un point de vue plus « féministe » d’abord. Le roller derby est majoritairement pratiqué par des filles, et je m’en félicite. Je rejoins l’analyse que fait Kozmic Bruise dans son témoignage : il est plaisant de pratiquer un sport où les filles ne sont pas dans l’ombre des mecs, mais plutôt l’inverse. J’apprécie particulièrement l’équipe homme de Montpellier, car ils n’essaient absolument pas de promouvoir à tout prix le derby homme au détriment du derby femme. Au contraire, ils sont conscient de l’aspect féministe initial, et roulent entièrement dans cet esprit. D’ailleurs, la plupart d’entre eux sont arbitres et contribuent ainsi beaucoup à l’évolution des Death Pouffes.

Ensuite, d’un point de vue purement derby, les hommes acquièrent globalement plus rapidement les techniques de base du patinage. Attention, c’est une généralité, cela ne veux pas dire qu’une fille ne peut pas apprendre plus vite le patinage qu’un homme Par contre en terme de stratégie et de blocage, c’est un peu plus long que pour les filles. Les hommes ont tendance à plus aller au contact et pas forcement avec des hits techniques (plutôt des hits violents), alors que les filles elles vont jouer plus stratégique.

Sinon, l’ambiance et l’esprit d’équipe est le même.

Avec quelle(s) paire(s) de roller roules-tu ?

Wawa m’a fait le plaisir de monter ma dernière paire de quad. Il s’agit de baskets And1 (enfant) montées sur une platine SureGrip Avenger Magnesium. J’en suis extrêmement satisfaite : j’ai découvert de nouvelles sensations de patinage, notamment au niveau du croisé et des poussées latérales. Ce montage me permet de me rendre compte que mes R3 étaient trop grands : le truck avant n’était pas bien placé. J’apprends donc maintenant à corriger mes habitudes et à patiner en prenant plus souvent appui sur l’avant du pied (notamment pour les feintes). D’autre part, l’inclinaison des truck à 45 degrés procure une bonne stabilité et de la maniabilité. Je trouve qu’en terme de précision, ce nouveau patin est redoutable. Seul bémol : les straps obligatoires et la torsion de la chaussure lors de virages trop appuyés. Cela dit, je ne regrette pas mes choix, et je pense que ce montage aura un effet bénéfique sur mon niveau de patinage. En extérieur, je roule avec des Radars Energy (diametre 62 mm, largeur 32mm et dureté 78A), et en intérieur (en match et scrimmage) avec des Heartless Creeper (diamètre 63mm, largeur 32 mm et dureté 90A). Je suis très satisfaites des Heartless, qui permettent une excellente réactivité. Roulements ABEC 5, sur les deux jeux.

Roules-tu avec des trucks serrés ou pas ?

Desserrés! Je suis un petit gabarit (42kg pour 1m55), j’ai beaucoup desserré depuis réception de mes quads, et plusieurs fois !

Qu’est-ce que tu voudrais dire à une personne qui commence ?

De ne pas désespérer au début si elle n’arrive pas à patiner, que ça viendra. Qu’elle va en baver de toute manière, car c’est plus dur que ce que l’on pense une fois qu’on y est. De bien se préparer physiquement, et si c’est une fille que le derby aide à avoir une bonne image de soi. J’ai été surprise du nombre de filles dans mon club qui m’ont expliqué à quel point le derby les avait aidées à se décomplexer, notamment au niveau de leur corps. Enfin, je lui dirai que l’esprit d’équipe est formidable, et que rien que pour ça, ça vaut le coup de s’accrocher.

 

Comme un nombre toujours croissant de filles, tu as joué à l’étranger. Peux-tu nous parler de cette expérience, qu’est ce que cela t’apporte ?

J’ai eu la chance de m’entraîner 4 mois avec les Angel City Derby Girl de Los Angeles. J’ai fait tous les niveaux : newbie, freshmeat 1, freshmeat 2, puis confirmée avec l’équipe C, les Raising Stars. J’ai également pu assister en tant que spectatrice aux entraînements des équipes A (les hollywood Scarlets) et de l’équipe B (les Rocket Queens). Si je compare avec ce que j’ai vu en France, la différence de niveau parait dingue. Nous avons encore beaucoup à apprendre.

Les filles recrutent sans cesse, je pense qu’elles sont environ 150, et tout ça nécessite une organisation particulière. Il y a beaucoup de comités, qui peuvent nous paraître redondants. Les lois américaines étant différentes, la gestion d’un tel club s’apparente plus à nos yeux à celle d’une entreprise qu’à celle d’une association. Cela dit, c’est vraiment bien huilé, et on sent que chaque participante prend du plaisir à faire vivre ce club. Ça c’était pour la partie organisationnelle.

La ligue est extrêmement accueillante, et j’ai été touchée par l’entraide qui y règne. L’esprit sportif est bien plus fort que ce que j’ai vu en France, c’est peut être le coté Californien qui veut ça, et le dépassement de soi est clairement le mot d’ordre et chacune y participe à fond. C’est loin d’être militaire, et pourtant toutes se donnent à fond pour faire gagner leur équipe, participer à l’organisation, donner de son temps… Depuis mon retour en France, elles ont toujours répondu à mes questions, et ont ainsi contribue a notre restructuration. Elles n’ont pas hésité a partager leurs connaissances sur tous les niveaux : coaching, organisation, matchs…

J’ai clairement prit en niveau, même si je ne m’en suis pas rendue compte. Les filles savaient que je retournerai en France et ont tout fait pour que mes entraînements me servent soit, mais que je puisse transmettre quelque chose à ma ligue en revenant. Tant sur le plan technique que stratégique, je pense que le but a été atteint.

Pour donner une idée, voici le film diffusé à chaque début de match (c’est « fait maison », par les joueuses) : http://www.youtube.com/watch?v=1zO0E4iUmKM

Quels sont tes objectifs dans le Derby ?

En France, je suis majoritairement jammeuse. J’ai commencé le derby en septembre 2011, et j’ai obtenu mes minimums skills aux alentours de mars 2012. J’ai donc encore beaucoup à apprendre, et mon premier objectif est d’améliorer mes jams. Aux USA, j’ai surtout été entraînée comme bloqueuse, à ma demande. J’aime le jam, mais j’aime également le pack, pour le travail d’équipe et la stratégie. Mon but ultime est d’être polyvalente, et de pouvoir être bloqueuse comme jammeuse.

Le mot de la fin?

Merci à toi pour cette demande d’interview !

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